Aaah, l’argent, les sous, le flouze, le blé, le salaire, le tarif, le prix ! Quel sujet ! quel tabou !
On nous susurre des mots doux, on tourne autour du pot, on s’agite sur le siège, on regarde ailleurs, on met de la distance mais au final, il va bien falloir en parler.
Les entrepreneur.e.s en particulier sont soumis à rude épreuve sur ce volet.
Considéré.e.s comme étant plus léger.e.s, avec moins de charge, plus de flexibilité sans la contrainte du personnel à gérer, ils-elles sont censé.e.s être conciliant.e.s, arrangeant.e.s.
Quant aux structures et entreprises, notamment dans le secteur de la solidarité où les moyens se réduisent comme peau de chagrin, on n’ose plus trop, on rabote par-ci par-là, en croisant les doigts pour que le sens reste intact et que le personnel ne décampe pas pour aller faire de la mosaïque sous des yourtes en Mongolie.
En 20 ans de métier, j’ai beaucoup tourné autour du pot sur ce sujet, parfois en rond, seule ou accompagnée.
En repensant à mes cours de commerce au lycée, la définition était pourtant simple : la valeur d’un produit provient de sa rareté.
Alors, oui, cette approche est applicable facilement sur un produit : l’or vaut plus cher que l’argent, la platine plus chère que l’or, etc.
Mais qu’en est-il d’un service ? Que prendre en considération quand vient le délicat moment de fixer un tarif ?
De mon point de vue :
- Le sujet de la rareté reste d’actualité : un.e dentiste disponible / un.e fleuriste
- Le niveau d’ingénierie nécessaire : monter un ordinateur / créer un logiciel
- L’environnement dans lequel le service sera réalisé : en terrain piou piou les petits oiseaux / en terrain hostile à déminer
- Le temps qui sera consacré : étendre une lessive / repeindre le salon
- Le niveau d’incertitude : faire avec des objets / faire avec des êtres vivants
Ceci étant dit, à ces logiques, il faut associer celle du marché. Je n’irai pas plus loin sur ce dernier qui est un grand sujet mais que vous soyez entrepreneur.e, entreprise, association, coopérative ou autre, la rareté, l’ingénierie, l’environnement, le temps et le niveau d’incertitude sont des incontournables pour tarifer un service.
Plus personnellement, sur les sujets d’argent quels qu’ils soient, je défends la transparence.
Pourquoi ? Car tout à de la valeur, pas forcément monétaire d’ailleurs, d’autres contreparties sont possibles mais dans le monde professionnel elles sont souvent financières. Parce que c’est une éthique, un gain de temps qui n’altère en rien le niveau d’engagement. Au contraire, cela le rend plus clair et en prise avec les réalités prosaïques auxquels nous sommes toutes et tous soumis.es.