Le travail, l’œuvre, l’action

Il nous arrive à tou.te.s de faire des tâches pénibles mais nécessaires pour répondre à nos besoins vitaux, se répétant jour après jour et générant parfois une forme de lassitude. 

 

Je me suis toujours demandé si l’ennui généré par ces tâches était juste propre à mon tempérament ou le lot quotidien de tout à chacun.e sans toutefois réussir véritablement à intellectualiser le concept.

Et voilà, que par hasard, je tombe sur un podcast Les chemin de la philosophie (France Culture) portant sur l’ouvrage « Conditions de l’Homme Moderne » d’Hanna Arendt animée par Adèle Van Reeth avec son invitée Carole WIDMAIER, responsable du Département de Philosophie de l’Université de Franche-Comté. Tout d’un coup, ça fait Tilt ! L’ampoule s’allume dans le cerveau : trop chouette !! Enfin un moyen d’inscrire la compta et les lessives dans un sens plus glamour que : « Bah c’est comme ça ma petite dame, il faut bien s’y coller. »

Les éléments clés en bref !

La Vita Activa 

Hanna Arendt est une grande philosophe politique bien connue des Sciences Po +. Elle a eu la bonne idée de distinguer les activités humaines en trois catégories : le travail, l’œuvre, l’action. Le tout dans un concept appelé Vita Activa. 

Là où plein de philosophes ont valorisé le penser et le contempler, elle sort du lot en faisant un livre de 400 pages sur le « Faire » qui conditionne la vie humaine.

Elle ne hiérarchise pas le travail, l’œuvre et l’action dans un top 3, mais les décrits comme fondamentaux et interconnectés dans tout ce que nous faisons au cours de notre existence. Avec cet article vous pourrez faire la différence entre les trois : les joies, les peines et les difficultés du travail ne sont pas les mêmes que lorsqu’on œuvre (ou fabrique) ou encore lorsqu’on agit (action- parole). 

Exemple concret avec une enseignante :

  • Au moment où elle dispense son cours c’est l’action. Type de difficulté associée : le trac de la prise de parole publique. 
  • La rédaction et la préparation du cours c’est l’œuvre. La difficulté réside dans la nécessité de synthétiser, d’arrêter le processus d’une pensée complexe et continue pour en restituer quelque chose d’intelligible. 
  • Le travail va être une réponse aux nécessités de la vie pour subvenir à ses besoins. La pénibilité associée est le labeur. 

Je vous résume ici l’approche, mais je vous invite vivement à écouter les 4 épisodes sur France Culture en lien ci-contre, ça glisse tout seul ! 

A travers cette triade Hannah Arendt souhaite ouvrir les voix de l’action, conscientiser les capacités d’agir des individus et mettre en exergue le caractère conditionné persistant de l’existence humaine malgré les époques. Elle dénonce la prédominance du travail sur l’œuvre et l’action et encourage une existence plurielle avec un juste équilibre entre les activités de la Vita Activa. 

Aujourd’hui, dans l’organisation de mon quotidien je garde en tête ce concept, plus apaisée sur les nécessités du travail qui, je crois, est le terreau de la valeur et de la profondeur de l’œuvre et de l’action.
Je suis convaincue également que chaque personne est en capacité d’investir ces deux dernières activités, le tout étant d’avoir suffisamment confiance pour le faire et d’en identifier la plus-value dans son existence humaine.

 

 © Hanna Arendt – Fred Stein/AP/SIPA

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